MORVAN: La Zad contre la scierie gagne le combat et devient un éco-lieu!

MORVAN

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En 2012, des centaines de personnes se sont rassemblées dans le Morvan pour lutter contre un projet de méga-scierie qui menaçait les forêts du Morvan et sa biodiversité. Grâce à votre mobilisation, et suite à plusieurs succès judiciaires, le projet a été abandonné.

De cette mobilisation locale et nationale est née une envie d’imaginer, de penser, de construire un projet ensemble au cœur du Morvan. Nous ne pouvons pas nous contenter de discours. Il nous faut montrer l’exemple pour permettre l’émergence d’une société soutenant une économie locale, non délocalisable, solidaire et respectueuse de la nature.

Voila la philosophie de l’écolieu du Morvan que nous avons lancé.

Notre écolieu est un lieu de convivialité et d’échanges, où les habitants et ceux qui nous rendent visite trouvent de quoi nourrir le corps et l’esprit.

 

 

Soutenir l’écolieu du Morvan c’est :

1) Participer au développement d’une économie locale et durable

2) Favoriser des rencontres, des débats et des découvertes

3) Aider à sensibiliser aux enjeux de la Forêt

Aidez-nous à concrétiser cet écolieu ! Chaque petit geste est essentiel.

C’est une pierre supplémentaire, indispensable, pour prouver qu’il est possible d’innover afin de construire un autre modèle plus écologique et plus solidaire.

 

1. Un écolieu pour participer au développement d’une économie locale et durable

Dans le Morvan, des dizaines de producteurs ont fait le choix courageux de rompre avec le système économique dominant. Agriculteurs bio, producteurs de matériaux écologiques, artisans et artistes veulent promouvoir une production pérenne et écologique, une économie à taille humaine, adaptée à la vie rurale. Ces producteurs peinent à trouver leurs places face aux géants de la grande distribution. Nous pensons que l’écolieu peut être une partie de la solution.

L’écolieu sera un espace de distribution et de vente de produits locaux. Une boutique bio et une conserverie seront mises en place au plus vite. De plus, chaque samedi après-midi, un marché bio sera ouvert sur place.

 

2. Un écolieu pour se rencontrer, échanger et apprendre.

Imaginer l’évolution de nos territoires ne peut se limiter à l’économie.

Depuis trois ans, nous avons appris à nous connaître, à faire évoluer notre regard et à apprendre de l’autre. L’écolieu est la meilleure façon de poursuivre ces échanges. Dans le Morvan, les jeunes et les moins jeunes disposent de peu d’espaces de rencontres et de débats. C’est pourquoi nous voulons faire de cet écolieu un lieu de diffusion culturelle Il comprendra notamment un café culturel, un restaurant, une salle permettant des projections, des spectacles, des conférences, des concerts et un espace d’exposition artistique.

 

3. Un écolieu pour sensibiliser aux enjeux de la forêt

C’est à cause des menaces qui pesaient sur nos forêts que nous nous sommes rencontrés, c’est autour d’elle que nous souhaitons vous proposer de continuer à agir.

L’écolieu sera le siège permanent de l’association Adret Morvan qui compte déjà plus de 1000 adhérents. Adret Morvan est devenu l’un des acteurs importants de la défense et de l’avenir de nos forêts. En septembre 2014, Adret Morvan a participé été à l’origine avec d’autres associations au lancement de SOS Forêt France, un collectif qui milite pour l’instauration d’une réglementation juste et durable de l’exploitation de nos forêts, protégeant sa biodiversité, son écosystème et l’avenir de sa filière.

La forêt est un espace mal connu, elle est pourtant d’une richesse sans limite. Nous souhaitons donc concevoir un espace de ressources sur la forêt, ouvert à tous, proposant notamment de la documentation, une exposition permanente, et se faisant le relais de la filière bois locale respectueuse de la forêt.

 

« Aujourd’hui, plus d’un tiers de ce que nous produisons devient déchet !!! Sans avoir été utilisé ! Une conserverie, c’est la base, les secrets de nos grands mères, pour que, à terme, plus rien ne soit perdu. Une conserverie c’est aussi un outil de « valeur ajouté ». Faire d’une matière première et d’un savoir faire un produit élaboré et d’une meilleure longévité. Une conserverie, c’est la convivialité et la gastronomie de l’hiver, la ratatouille et les haricots verts dégustés devant la cheminée. Une conserverie c’est aussi embouteiller, vins, soupes, sirops, bières, cidres et liqueurs… Une conserverie, ça peut devenir, charcuter, saler et fumer diverses viandes et poissons ! Une conserverie, c’est un sens de la vie, la gastronomie… »

 

« Dans la Nièvre depuis 15 ans, j’ai créé un lieu d’échanges et partage artistiques et culturels (Alter Ego Musée des Mondes Imaginaires) pour prouver que l’on peut être perdu dans un pli de la carte et avoir une vie sociale participative. Convaincue qu’il faut se rassembler pour protéger et améliorer notre lieu de vie, depuis le départ mobilisée sur la ZAD, il m’a semblé plus que naturel de participer à la création d’un lieu autour des valeurs portées par l’ADRET. »

 

Lieu-dit situé sur la commune de Vauclaix, dans le Parc naturel régional du Morvan, il est ainsi nommé parce qu’il se trouve à l’intersection de deux routes départementales parmi les plus fréquentées du Morvan (axe Lormes Château-Chinon et axe Corbigny Saulieu).

L’écolieu disposera d’une surface utile de 195 m².

Il s’appelle désormais « Le Carrouège ».

On vous attend !

Zad de Roybon – Un arrêté préfectoral indispensable au projet annulé!

Le soleil était déjà brûlant ce jeudi matin dans la forêt de Chambaran, sur les hauteurs du village de Roybon (Isère), lorsque les zadistes ont appris que le tribunal administratif de Grenoble annulait l’une des autorisations préfectorales nécessaires à la construction du complexe de loisirs du groupe Pierre & Vacances.

Nul triomphalisme chez les militants, quelques sourires tout au plus. Une jeune femme installée dans la forêt depuis des mois précise : «C’est bien, mais tant que je n’entendrai pas « Center Parcs à Roybon, c’est fini », je reste prudente. Je crois qu’on doit rester ici encore.» Elle fait visiter le potager – pommes de terre, pois, haricots, fèves, tomates – créé au bord de l’une des six immenses clairières défrichées par Pierre & Vacances à l’automne dernier.

Un peu plus loin, elle présente, avec un sourire, une «barributte» : une barricade de bois emplie de terre où poussent des potimarrons, des graines venues de la ZAD de Sivens… Des dizaines de barrages de branches ou de terre, parfois dérisoires, parsèment la piste traversant le site de 200 hectares projeté pour la construction du Center Parcs et occupé par quelques dizaines de zadistes depuis l’automne.

Château d’eau. Aux deux entrées de la piste, d’étonnants fortins de bois, protégés par des fossés, ont été dressés. La forêt est parcourue de sentiers zadistes, reliant la demi-douzaine de lieux de vie aux quatre coins du site. Certains bâtiments, murs de torchis et toit de chaume, sont solidement construits. Infirmerie, potagers ici et là, poulaillers, cabines de douche… L’eau arrive par des tuyaux courant sur des centaines de mètres.

Derrière le fortin sud, un groupe de zadistes s’inquiète : «C’est une bonne nouvelle, mais pas une victoire. On ne leur fait pas confiance.» Certes, le tribunal a établi que le projet était illégal au regard de la loi sur l’eau, en raison d’une compensation très insuffisante des zones humides qui allaient être détruites sur ce château d’eau naturel qu’est le massif de Chambaran. En revanche, les juges ont débouté les plaignants (pêcheurs, écologistes et habitants de Roybon) opposés au projet, sur leur demande d’annulation d’un autre arrêté, celui autorisant la destruction d’espèces protégées et de leurs habitats : la reprise du défrichement, non concerné par la loi sur l’eau, reste donc en théorie possible. Certaines des clairières sont restées à l’état de terre nue, tant elles ont été labourées par les engins. Dans d’autres, la végétation est en train de reprendre ses droits. 40 hectares ont déjà été défrichés, il en reste autant.

Il serait pourtant difficile pour Pierre & Vacances de justifier la reprise du défrichage en sachant que son projet n’est en l’état plus légal. Le groupe a annoncé dès la mi-journée qu’il allait faire appel de la décision du tribunal administratif, mais la procédure sera longue et son issue reste incertaine… et puis il faudrait expulser les zadistes. Ces derniers l’ont bien compris. Certains se projettent même dans l’après-Center Parcs : «Ce genre de lieux ouverts, non appropriés par le privé, où l’on apprend à vivre ensemble, sont précieux : il faut les développer», explique l’un d’eux. Un autre rétorque : si le Center Parcs est annulé, il quittera les lieux. Un débat complexe au sein de cette petite communauté en perpétuel renouvellement au gré des départs et des retours des uns et des autres.

«Peigne-cul». A la mi-journée, le village de Roybon écrasé par la chaleur est désert. Le patron du restaurant Au bon Roy résume l’état d’esprit des pro-Center Parcs : «Je suis écœuré. Tout le monde baisse son pantalon. Qu’une poignée d’écolos fasse la loi, ça me rend fou… Si je pouvais, je baisserais le rideau et je me casserais de ce pays. En attendant, on va monter un collectif d’action, avec blocage d’impôts et tout !» Avec un mouvement de menton rageur, il indique la forêt : «Et ces peigne-cul là-haut, qui nous emmerdent depuis des mois, quand est-ce qu’on les fout dehors ?» Au centre de la ZAD, au même moment, un groupe de zadistes s’organise pour construire une barricade. Comme si la décision du tribunal était sans effet.

Un peu plus loin, à la Maquizad, maison forestière occupée en dehors de la zone promise au Center Parcs, on termine l’édification d’une scène, d’un mât de cocagne et autres «jeux de village». Ce week-end, les zadistes seront en fête. Personne pourtant, ni au village ni à la ZAD, n’envisage encore la fin du face à face.

 

François CARREL Envoyé spécial en Isère (Libé)